Inspiration sur des poèmes de René-Guy Cadou

 

  C’est vers 1947, que Jean Bruneau fait la connaissance de Cadou, la sensibilité des deux hommes fera qu’ils s’apprécieront, et rapidement leurs échanges seront beaucoup plus intenses. En 1949 René Guy Cadou préface le catalogue de peintures de Jean Bruneau, et en 1950 c’est le peintre qui crée 12 gouaches inspirées des poèmes de Cadou. En 1957 Bruneau réalisera une exposition René-Guy Cadou à la galerie d’Art Decré. Il en dessinera l’affiche qui sera à nouveau utilisée pour une exposition à Nantes en 1981

 Texte de Cadou sur le catalogue de l’expo Jean Bruneau  de 1949

Les toiles de Jean Bruneau ont ce caractère fatal des journées d’automne tout empennées du sang des feuilles et qu’achemine un vent violent vers le repos des bohémiens, quelque part, à l’orée du domaine de Meaulnes.

Il semble, chez ce peintre que la couleur ne soit qu’un ornement de la pensée, comme une lanterne aux vitres peintes que l’habitude promène à bout de bras dans les catacombes de l’enfance.

Sous les dehors souriants de la ligne, au revers d’un jour trop beau, voici qu’une solitude et qu’une tristesse sans fond nous apparaissent, fournissant un prétexte sans espoir à d’inquiétants personnages.

Que Jean Bruneau ait choisi de s’exprimer en poète, ce qui signifie point que sa peinture encourt la disgrâce du lyrisme, c’est qu’il puise en son cœur une encre lumineuse et savamment  mélangée qui donne à ses dernières œuvres un accent de sincérité capable de le rendre, entre tant d’autres, reconnaissable.

Il me plait d’attirer surtout l’attention du visiteur sur ces carton de tapisserie qu’on aimerait à retrouver dans quelque antichambre de l’art.

Il me plait de témoigné pour Jean Bruneau de sa vérité, de sa poignante recherche dans le domaine irrespirable aujourd’hui singulièrement surpeuplé.

René Guy Cadou